Le plus touchant de tous les mots doit être le mot portugais saudade (prononcer saoudade). Il exprime le regret de l'absence, le chagrin des séparations, toute la gamme de la privation des êtres et des objets aimés. C'est le mot qu'on grave sur les tombes; le message que l'on envoie aux parents, aux amis. L'exilé a saudade de la patrie, le marin de la famille, les amoureux l'un de l'autre dès qu'ils se quittent; on a saudade de sa maison, de ses livres, de ses amis, de son enfance, des jours vécus.

Joaquim Nabuco, Brésil, 1849-1910, Pensées détachées et souvenirs